Rétrospective 2020, une grande année pour la carto
On fait un point et on revient sur 2020 pour comprendre comment cette année insolite a influencé le monde de la carto.
Ça y est, l'année 2021 est là, et force de constater que pour l'instant, ça ressemble quand même étrangement à une année 2020.2 !
Sauf que côté industrie carto, ça bouge, et ça bouge beaucoup ! Et pour bien comprendre comment, je vous propose de jeter un coup d'oeil derrière l'épaule, et de revenir quelques instants en 2020...
La Dataviz, au cœur de la gestion de crise
2020, c'est l'année Covid. Ce n'est pas la première fois que le monde fait face à une pandémie. Celle-ci est néanmoins différente : le monde a pris conscience douloureusement que notre volonté de réduire les distances pour faire un beau village planétaire avait aussi ses limites (je ne parle pas juste de la note Carbone).
Comprendre, décider, agir
De cette pandémie a aussi émergé un fort besoin de se coordonner au niveau des États. Comment gérer une crise planétaire, sinon par une réponse à la même échelle ? [Bon, ok, ça aurait été quand même beaucoup plus cool si tout le monde s'était mis d'accord au même moment, mais on apprend en marchant]
Dans nos administrations, le challenge était de taille : déterminer des indicateurs pour qualifier la crise sanitaire, collecter les données terrain quotidiennement, faire comprendre et appliquer les décrets chaque jour...
Bref avoir un super canal de communication full-duplex qui permet de remonter toutes les données là haut pour prendre les bonnes décisions et de les faire appliquer, et ainsi agir de manière quasi immédiate sur tout le territoire.
Honnêtement, heureusement que je ne bosse pas au gouvernement, c'est un challenge immense ! [Là, je sens la tentation de tout plaquer pour une petite ferme en campagne reculée à vivre en harmonie avec des moutons]
Revenons en d'ailleurs, à nos moutons (pardon, j'arrête).
Si je devais m'essayer à définir la Dataviz, je dirais que c'est un moyen de faire parler une donnée dense et complexe. Soit pour faire passer un message, soit pour prendre une décision stratégique. Et là, ça tombe bien : on a trouvé une application de taille !
Qu'on soit clairs : la map a été le moyen le plus utilisé sur la planète pour prendre les décisions au niveau du gouvernement et informer la population. [Bravo au passage à Etalab et les équipes impliquées pour le super travail !]
Forcément, lorsque l'impact est planétaire, on le ressent davantage, et les initiatives sont plus nombreuses, mieux financées, et plus médiatisées. Et ça devrait continuer en 2021, hopefully !
Des initiatives citoyennes possibles grâce à l'OpenData
Les outils de crise, ça ne pousse pas sur les arbres. Même binaires (blague de développeur). Mais il y a encore une chose plus précieuse que les outils : la donnée.
Si les données sanitaires n'avaient pas été exposées en OpenData, s'il n'existait pas de référentiel cartographique ouvert comme OpenStreetMap, les initiatives citoyennes n'auraient tout simplement pas existé. Alors on peut vraiment être reconnaissants d'avoir fortement cherché à valoriser les démarches OpenData ces dernières années en France.
Les projets utilisant de la donnée ouverte fleurissent en permanence et se révèlent indispensables pour de nombreuses personnes au quotidien. On peut citer les projets Ca Reste Ouvert, Cascoronavirus et Je Soutiens Ma Librairie.
En 2021, cette crise devrait permettre de remettre au centre des débats la nécessité absolue d'exposer le plus de données d'Etat possible.
L'OpenData, c'est un des plus gros moteurs de l'innovation ! Il permet aux petites initiatives citoyennes de créer des services à forte valeur ajoutée avec des moyens raisonnables. Jawg Maps n'existerait pas sans OpenData !
Sauf que pour être pérennisées dans le temps, ces initiatives ont besoin d'être financées ou de trouver un modèle économique viable. En France, l'État a de prime abord plutôt bien joué son rôle en apportant des budgets pour financer les projets innovants liés à la crise. Reste à savoir comment ces initiatives peuvent continuer de vivre en dehors d'un contexte de pandémie, surtout lorsqu'elles s'appuient sur le travail d'une communauté ou de données ouvertes.
Et ce point, de comment financer un projet sur un modèle Opensource ou Opendata, a fait couler beaucoup d'encre en 2020. C'est d'ailleurs la plus grande fracture que subit actuellement le monde de la Carto, et le sujet du prochain article ;).
Une crise de l'Open Source
Le monde du libre connait un vrai revers de médaille ces derniers temps, et la carto ne sera pas épargnée (gros teasing du prochain article...). MapboxGL.js (une des librairie "libre" les plus utilisées en carto en 2020) se tourne vers un modèle plus fermé (comprendre : ne sera plus utilisable librement par la communauté).
Le roi est mort : vive le roi
Sauf que, pour la carto, il y a quand même des irréductibles Gaulois (mais pas que) qui viennent de joindre leurs forces pour donner naissance à Maplibre.
Maplibre.js, c'est une initiative qui rallie au moins une dizaine d'organisations qui souhaitent continuer d'innover sur les SDKs carto JavaScript en collaborant. Inutile de vous dire qu'on est de la partie !
Je ne sais pas vous, mais moi j'ai hâte de voir ce que ça va donner.
Wrapping up
En 2020, les besoins forts dans le domaine de la gestion de crise ont remis sur la table plusieurs sujets :
- La nécessité de pouvoir informer et agir rapidement en visualisant des indicateurs simples grâce à des cartes
- L'importance capitale d'ouvrir les données afin de favoriser l'innovation
- La question de comment pérenniser ces projets qui s'appuient sur des modèles ouverts
Et du coup, ça veut dire quoi ?
Ça veut dire que la carte continue de progresser dans nos usages. En 2020, on l'a peut-être moins utilisée pour se diriger vers son afterwork que pour comprendre l'importance de la crise que nous traversons, mais elle a su conserver sa place centrale dans nos vies.
L'incroyable percée qu'OpenStreetMap et sa communauté ont réalisé ces dernières années font qu'OSM est devenu le standard (d'ailleurs suivi par Facebook, Apple, Amazon, etc...).
Dans un paysage où le vendor-locking fait son grand retour, c'est beau. Grâce à cela, les géo-innovateurs vont pouvoir continuer d'exister et pourquoi pas créer les services de demain.
Et vous ? Comment pensez-vous que le monde de la carto va évoluer en 2021 ?